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État de l’énergie au Québec 2020 : la consommation de pétrole toujours en hausse

21 janvier 2020

À moins d’un virage majeur, le Québec ne pourra pas atteindre ses cibles de réduction de la consommation de produits pétroliers et d’émission de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030. C’est le constat que fait l’État de l’énergie au Québec 2020, un bilan annuel publié le 17 janvier dernier par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal.

« Les tendances énergétiques québécoises actuelles ne sont pas rassurantes », s’inquiète le titulaire de la Chaire Pierre-Olivier Pineau. « Malgré plusieurs initiatives notables, dont l’électrification des transports, le développement de biocarburants ou les projets d’électrolyseurs pour produire de l’hydrogène, le Québec continue d’accroître sa consommation de produits pétroliers (+10 % de 2013 à 2018) et ses émissions de GES stagnent depuis 2014. »

Hausse des ventes de produits pétroliers

Les ventes de camions légers au Québec ont encore battu des records, de même que les ventes d’essence qui ont dépassé pour la première fois les 10 milliards de litres consommés en une année. Ceci, en dépit de la hausse des ventes de véhicules électriques et de l’installation de bornes de recharge.

Si la tendance des six dernières années (2013-2018) se maintient, les ventes totales de produits pétroliers en 2030 seront 32 % plus élevées qu’en 2013, alors que la cible est de les réduire 40 % par rapport à 2013.

« Les mesures actuelles, dont le marché du carbone, aident le Québec à réduire son utilisation de combustibles fossiles et ses GES, mais ne sont pas suffisantes. Pour réussir la transition, il faudra prioriser une transition vers une économie qui minimise la consommation et les pertes d’énergie, améliore sa productivité énergétique et favorise des stratégies d’économie circulaire », souligne monsieur Pineau.

Quelques faits saillants du bilan 2020

  • Dans toutes les régions du Québec, on observe toujours plus de véhicules par 1 000 habitants, et une plus grande proportion de camions légers (les voitures sont en recul partout).
  • En 2018, les ventes de VÉ et VÉ rechargeables représentaient 3 % des ventes totales de véhicules automobiles neufs au Québec, tandis que les camions et les voitures représentaient 64 % et 33 % du total respectivement.
  • Depuis 2015, les approvisionnements en pétrole canadien et américain ont considérablement augmenté, en provenance de l’Ouest canadien à 38 % et des États-Unis à 62 %.
  • La superficie totale des bâtiments résidentiels et commerciaux continue d’augmenter, limitant les réductions de consommation d’énergie dans ce secteur.
  • Le Québec reste la province où les prix de l’électricité sont les plus bas pour les consommateurs résidentiels et industriels, et cela en fait les plus grands consommateurs d’électricité au Canada.
  • Alors que la consommation d’électricité reste stable depuis 10 ans, la pointe électrique augmente, rendant plus réelle que jamais la nécessité de gérer les périodes de grande consommation.
  • Des projets de production d’hydrogène verte (Air Liquide, Enerkem) ont été annoncés, amorçant le développement d’un nouveau vecteur énergétique sans carbone, notamment en industrie. 
  • La production de gaz naturel renouvelable apparait pour la première fois dans le bilan québécois – et pourrait contribuer, quoi que modestement, à décarboniser le système énergétique de la province.

La 6e édition de l’État de l’énergie a été rédigée par Johanne Whitmore et Pierre-Olivier Pineau. Elle a été réalisée en collaboration et avec le soutien financier de Transition énergétique Québec.