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La Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal publie l’état de l’énergie au Québec 2022

Jeudi 10 février 2022

 

Montréal, le 10 février 2022 – La pandémie a fait reculer les ventes de produits pétroliers de 11 % au Québec en 2020 par rapport à 2019. Mais si la reprise économique et les ventes de véhicules énergivores se maintiennent, la consommation reviendra au niveau de 2019, comme c’est le cas pour l’ensemble du Canada dont les données étaient disponibles pour août 2021. On constate également que malgré les nombreuses discussions sur les filières des bioénergies et de l’hydrogène, celles-ci se développent très inégalement. Alors que des projets d’hydrogène vert prennent forme, des usines de biocarburants ferment ou restent inactives. Globalement, le secteur de l’énergie n’évolue pas au Québec à la hauteur des ambitions des politiques. Ce sont les principaux constats de l’État de l’énergie au Québec 2022, dévoilé aujourd’hui par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. Ce bilan annuel qui rassemble les données les plus récentes sur le secteur de l’énergie est réalisé avec le soutien financier du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles.

 

Difficulté à briser l’inertie du passé

« Malgré la succession de plans d’action contre les changements climatiques, les émissions de gaz à effet de serre (GES) n’ont cessé de croitre depuis 2014.  L’engouement pour les gros véhicules et la croissance dans le transport de marchandises expliquent l’essentiel de la hausse », déplore Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire. En effet, malgré l’augmentation des ventes de véhicules électriques, qui représentaient 7 % des ventes totales en 2020, la part de marché des camions légers (dont les VUS) augmente toujours et représente 71 % des ventes totales.

« Sans mesures additionnelles à celles identifiées dans le Plan pour une économie verte 2030, le Québec n’atteindra pas ses objectifs climatiques, tout comme il n’a pas atteint sa cible de réduction de GES de 2020, souligne M. Pineau. Pour réussir la transition, il faudra en priorité réduire notre consommation énergétique afin de mieux absorber les coûts des énergies émergentes et de l’électrification. Un plus grand recours à l’écofiscalité et à l’économie circulaire, ainsi qu’une modernisation de la réglementation sont nécessaires. »

 

Faits saillants :

Consommation d’énergie et vente de véhicules

  • La COVID-19 a significativement fait reculer la consommation de produits pétroliers en 2020, mais la reprise de l’activité a fait remonter les niveaux de consommation. Si aucun chiffre pour le Québec n’est encore disponible pour 2021, les données mensuelles canadiennes de 2021 de Statistique Canada montrent que les ventes de produits pétroliers ont rebondi en 2021 et ont presque retrouvé leur niveau prépandémique. En août 2021, pour l’essence, les ventes canadiennes ont même dépassé celles de 2019.
  • Malgré l’accroissement des ventes de véhicules électriques, les ventes de voitures chutent et la part de marché des camions légers atteint des sommets inégalés : 71 % des véhicules vendus en 2020 étaient des camions, contre seulement 44 % dix ans plus tôt, en 2010.
  • La consommation d’électricité au Québec est fortement dépendante de la température : chaque degré de refroidissement l’hiver nécessite près de 400 MW de capacité de production supplémentaire. Rien dans les tarifs résidentiels ne reflète cependant les coûts de cette puissance supplémentaire. Ces tarifs continuent d’être subventionnés au Québec, par un interfinancement venant des consommateurs commerciaux. En 2021, cet interfinancement continue cependant de diminuer.

Précarité des surplus électriques

  • Hydro-Québec évaluait ses surplus à environ 40 TWh par année en 2019. Ceux-ci pourraient s’effacer à l’horizon 2029 avec les nouveaux contrats d'exportation, la croissance de la demande et l’électrification, entre autres.

Malgré les programmes incitatifs, les nouvelles filières peinent à lever

  • Biodiesel. En 2021, la capacité de production de biodiesel au Québec est passée de 90 à 6 millions de litres par jour après que Rothsay Biodiesel eut fermé son usine et que Bioénergie AE Côte-Nord ait suspendue sa production. Des conjonctures de marchés défavorables expliqueraient ce recul.
  • Gaz naturel renouvelable (GNR). En 2020, le GNR ne représentait que 0,1 % des volumes dans le réseau gazier, alors que la cible est de 2 % d’ici 2023. Quatre sites produisant du GNR en 2021, pour un total de 111 Mm3. Près de 90 % de ce GNR est exporté aux États-Unis, où il est possible de le valoriser à meilleur prix. Neuf autres projets totalisant 78 Mm3 sont prévus dans les années à venir.
  • Hydrogène. En 2021, l’hydrogène représentait moins de 1 % du bilan énergétique québécois. Environ 91 % de cet hydrogène était fait à partir de combustibles fossiles (hydrogène gris). L’électrolyse de l’eau permet de produire de l’hydrogène vert et des projets se développent au Québec. En excluant le coût des infrastructures, l’hydrogène vert coûte cependant trois fois plus à produire que l’hydrogène gris.

Le prix du carbone augmente de près de 60 % en 2021

  • Le prix du carbone a augmenté en 2021 comme jamais auparavant. Aux enchères organisées par le Québec et la Californie, il est passé de 17,80 $US (22,58 $Can) en début d’année à 28,26 $US (35,47 $Can) en fin d’année, une augmentation de près de 60 %. Malgré cette hausse, ce prix reste largement invisible pour les Québécois, ce qui contribue au maintien du statu quo dans la consommation d’énergie.
     

Pour en savoir plus, consultez l’État de l’énergie au Québec 2022, par Johanne Whitmore et Pierre Olivier Pineau.

Inscrivez-vous au lancement virtuel, le 11 février, à 11 h.

 

À propos de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal

Créée en 2013, la Chaire a pour mission d’augmenter les connaissances sur les enjeux liés à l’énergie, dans une perspective de développement durable, d’optimisation et d’adéquation entre les sources d’énergie et les besoins de la société.

 

Renseignements
Émilie Novales
Conseillère principale en relation avec les médias, HEC Montréal
438 520-3536
emilie.novales@hec.ca