La rémunération des médecins et l’offre de services médicaux au Québec sous la loupe de la Chaire Jacques-Parizeau
27 mai 2025
Malgré une augmentation significative de la rémunération des médecins au Québec depuis 2010, l’offre de services médicaux n’a pas suivi la même tendance. C’est l’une des principales conclusions d’un rapport récemment dévoilé par la Chaire de recherche Jacques-Parizeau en politiques économiques. Ce rapport compare notamment le Québec aux autres provinces du Canada et dresse plusieurs constats concernant le nombre de médecins, leur prestation d’actes médicaux, ainsi que leur rémunération.
Sous la direction de Pierre-Carl Michaud, professeur titulaire au Département d’économie appliquée de HEC Montréal et titulaire de la Chaire Jacques-Parizeau, ce rapport a été corédigé par David Benatia, Nicholas-James Clavet, Bernard Fortin, et Josette Rosine Aniwuvi Gbeto.
Effectif médical et heures travaillées
Les données présentées dans cette étude révèlent que le nombre de médecins au Québec est dans la moyenne canadienne en proportion de la population, mais en queue de peloton en termes d’équivalents temps plein (ETP). Depuis 2014, il y a eu une croissance du nombre de médecins de 15 % (chez les spécialistes) et 19 % (chez les omnipraticien(ne)s), mais une quasi-stagnation du nombre d’ETP. Les données des recensements montrent par ailleurs une légère baisse des heures moyennes travaillées par année par les médecins au Québec de 2011 à 2021.
Le rapport utilise également, de manière novatrice, les données complètes de facturation à l’acte des médecins auprès de la RAMQ pour analyser l’évolution de leur prestation de services médicaux. Il constate une stagnation, voire une baisse de la prestation de services rémunérés à l’acte, et une apparente capacité non utilisée chez les médecins en termes d’activités cliniques – plus élevée chez les omnipraticien(ne)s que chez les spécialistes.
Une rémunération en hausse
Entre 2010 et 2022, la hausse de la rémunération clinique des médecins québécois a été de 63 % chez les omnipraticien(ne)s et de 65 % chez les spécialistes. Cette hausse est parmi les plus élevées au Canada. La rémunération par ETP des omnipraticien(ne)s au Québec est la plus élevée au Canada, une fois ajustée pour le coût de la vie, indique également le rapport. Pour les médecins spécialistes, elle est dans la moyenne canadienne.
Les analyses présentées dans l’étude indiquent que la composition – la féminisation et l’âge – de l’effectif médical a eu un certain effet sur l’intensité de pratique. Mais cet effet est plutôt faible dans l’ensemble, et les deux dimensions combinées ne forment pas la principale source de l’évolution observée de la prestation de services médicaux.
Effet sur l’offre de services médicaux
Selon le rapport, la hausse des tarifs de rémunération à l’acte a eu en fin de compte un effet négatif sur le volume d’actes réalisés et sur le nombre de visites. Il constate ainsi que la hausse de la rémunération des médecins au Québec n’a pas entraîné une augmentation de la prestation de services médicaux, mais a plutôt contribué à la réduire.
En somme, le rapport documente une évolution de l’offre de services médicaux qui est probablement insuffisante pour répondre à la croissance des besoins de la population. Il offre des pistes de réflexion pour éclairer les choix de politiques publiques concernant la rémunération des médecins dans les années à venir.