Un rapport de la Chaire Jacques-Parizeau se prononce sur la voie à suivre en matière d’immigration au Québec
14 mai 2025
Un nouveau rapport de la Chaire de recherche Jacques-Parizeau en politiques économiques propose une analyse économique de l’immigration au Québec et conclut que la dynamique actuelle n’est ni soutenable ni souhaitable à long terme.
Rédigé par Pierre-Carl Michaud, professeur titulaire au Département d’économie appliquée de HEC Montréal et titulaire de la Chaire Jacques-Parizeau, il propose notamment de revoir à la hausse les cibles en matière d’immigration permanente, et de progressivement réduire l’effectif des résidentes et résidents non permanents.
Le rapport apporte plusieurs pistes de solutions afin de permettre à la société québécoise de profiter pleinement de l’apport de l’immigration, essentielle pour maintenir le financement de ses services et améliorer son niveau de vie. Il rappelle que l’atteinte de cet objectif ne va pas nécessairement de pair avec une forte croissance démographique.

Pierre-Carl Michaud
Maintenir le taux d’activité et le niveau de PIB par habitant
L’analyse réalisée par Pierre-Carl Michaud expose d’une part l’écart entre l’accroissement récent de l’immigration temporaire et la vitesse d’ajustement du capital et des infrastructures. Le rapport démontre que l’augmentation du PIB résultant de l’immigration ne compense pas l’augmentation de la population.
L’auteur prévient d’autre part qu’en ce qui concerne l’immigration permanente, les cibles actuelles mèneront vers une diminution du taux d’activité de la population.
Pour maintenir le taux d’activité à un niveau relativement constant, il suggère donc de revoir la cible de 50 000 immigrantes et immigrants permanents admis chaque année à la hausse, pour atteindre 70 000. Ceci, peu importe que ces gens proviennent de l’immigration temporaire ou d’un recrutement à l’étranger – un certain nombre devant inévitablement provenir du vaste bassin de personnes avec statut non permanent.
Remédier à la pénurie de main-d’œuvre?
L’immigration temporaire peut aider à répondre à court terme à une certaine rareté de la main-d’œuvre, surtout celle qui est liée à la conjoncture, mais l’efficacité de cette stratégie est limitée, dit encore le rapport de la Chaire Jacques-Parizeau.
Quant à la rareté de main-d’œuvre structurelle, elle ne peut non plus être réglée par l’immigration. L’une des raisons étant que l’immigration ne se rend pas là où se trouve la rareté de main-d’œuvre, dans les secteurs ou les régions qui en ont le plus besoin. L’auteur croit qu’à cet égard, il vaut mieux favoriser les investissements dans des changements structuraux, l’automatisation par exemple, surtout si cette rareté est prévisible à long terme.
En conclusion, le chercheur incite notamment le gouvernement du Québec à se doter d’objectifs clairs pour sa politique en immigration et de viser avant toute chose le succès économique et social des personnes nouvellement arrivées. Il recommande également que le Québec accentue ses efforts dans l’évaluation rigoureuse du potentiel économique et social des candidates et candidats à la résidence permanente.