Le déficit structurel de productivité isole le Québec et le Canada
Publication de Productivité et prospérité au Québec – Bilan édition 2025
26 mai 2025
En pleine résurgence du protectionnisme américain, le Centre sur la productivité et la prospérité – Fondation Walter J. Somers (CPP) a publié le 22 mai Productivité et prospérité au Québec – Bilan édition 2025. Le principal constat est sans équivoque : le déficit structurel de productivité du Québec restreint considérablement sa marge de manœuvre pour contrer les tarifs américains.
« À défaut d’avoir été capables de corriger le tir il y a 15 ans, quand les indicateurs tournaient au rouge, le Québec et le Canada sont aujourd’hui exposés à la montée du protectionnisme américain, parce que l’ampleur du déficit structurel de productivité limite les possibilités de développement de nouveaux marchés, que ce soit à l’international ou à l’intérieur du pays », déclare Robert Gagné, directeur du CPP et coauteur de l’étude. « Et quoi qu’on en dise, l’abolition des barrières au commerce interprovincial ne permettra pas d’inverser l’effet des menaces tarifaires américaines. »

La distance, véritable barrière au commerce interprovincial
À la suite de l’annonce des tarifs américains, les estimations suggérant que les barrières interprovinciales imposent une charge équivalente à un tarif de 25 % ou à une perte de 5100 $ du niveau de vie par habitante ou habitant ont largement circulé dans les médias. Or, selon l’équipe de recherche de HEC Montréal, celles-ci sont probablement démesurées.
« Même en envisageant une levée complète des entraves réglementaires au pays, il serait utopique d’espérer obtenir une augmentation de 6,9 % du niveau de vie au Canada », explique Jonathan Deslauriers, directeur exécutif du CPP et coauteur de l’étude. « Parce que, sur le fond, les véritables barrières au commerce interprovincial ont une origine structurelle : elles relèvent de la distance qui sépare les marchés régionaux et de l’incapacité des entreprises à la surmonter en raison de l’ampleur de leur faible productivité. »
Améliorer la résilience du marché intérieur
Pour inverser la tendance, le Canada dans son ensemble devra parvenir à stimuler l’investissement privé et à désenclaver le marché intérieur pour intensifier la concurrence. Plutôt que de tergiverser autour d’un problème qui aurait dû être corrigé il y a 30 ans en implantant le principe de reconnaissance mutuelle pour assurer la libre circulation des produits malgré le manque d’harmonisation des normes, les provinces devront s’attaquer au fondement du retard endémique de productivité au pays pour améliorer la résilience du marché intérieur et ainsi permettre aux entreprises canadiennes de franchir les frontières de leur marché local.
« Dans un tel contexte, il devient essentiel de renforcer les axes commerciaux d’est en ouest en investissant massivement dans les infrastructures de transport, ajoute Robert Gagné. L’annonce d’un TGV entre Québec et Toronto constitue un pas dans la bonne direction. Cependant, les efforts et les promesses électorales devront se concrétiser rapidement. »
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Productivité et prospérité au Québec – Bilan édition 2025 (PDF)