
Le 17 mai 2025, Isabelle Ducharme a été nommée chevalière de l’Ordre de Montréal, la plus haute distinction honorifique de la Ville. Cette reconnaissance marque un moment charnière dans un parcours où conviction personnelle, expertise professionnelle et sens du devoir citoyen s’entrecroisent.
Touchée par une lésion de la moelle épinière à la suite d’un accident de voiture en 1988, elle milite depuis pour la pleine inclusion des personnes en situation de handicap. Après un baccalauréat en communication, elle choisit de poursuivre un DESS en gestion à HEC Montréal, qu’elle complète en 2001. Cette formation lui fournit les outils nécessaires pour structurer des projets ambitieux et mener des initiatives d’envergure dans le domaine de l’accessibilité.
Elle est engagée auprès de Kéroul depuis près de 20 ans et assume la présidence de son conseil d’administration depuis 15 ans. À ce titre, Isabelle œuvre pour que les personnes en situation de handicap puissent participer pleinement à la vie citoyenne — qu’il s’agisse de voyages, de loisirs, de culture ou d’accès aux services essentiels. À travers des collaborations provinciales, nationales et internationales — de VIA Rail à Air Canada, en passant par les comités d’Aéroports de Montréal ou de l’ISO — elle contribue à façonner des standards plus justes et des environnements plus ouverts.
Visionnaire et déterminée, Isabelle Ducharme incarne une résilience active : celle qui transforme les obstacles en moteurs de changement.
Photo : Sylvain Légaré
Recevoir cette distinction a été un immense honneur. Comme le processus se déroule discrètement, l’appel de la Ville a été une surprise. J’ai été touchée que Kéroul propose ma candidature et obtienne les appuis nécessaires. Pour moi, cette reconnaissance valide 30 ans de travail consacré à l’inclusion et à l’accessibilité, un engagement amorcé après l’accident de 1988 qui m’a laissée tétraplégique.
Il faut travailler à la fois sur l’environnement bâti et sur les mentalités. Beaucoup croient que le handicap ne les concerne pas, alors que tout le monde peut y être confronté un jour, temporairement ou durablement. L’image des personnes en situation de handicap reste trop souvent associée à la pitié ou au drame, alors qu’il existe une diversité immense de réalités, de personnalités et de modes de vie.
Il faut aussi reconnaître que le handicap ne se limite pas au fauteuil roulant : il englobe des limitations visuelles, auditives, neurodivergentes et plusieurs conditions invisibles.
Sur le plan professionnel et des affaires, l’accessibilité doit être perçue comme un investissement, et non pas comme un fardeau. Un service accessible constitue un avantage concurrentiel qui attire une clientèle plus large et fidèle. Et avec l’importance croissante accordée au développement durable, le pilier social doit être pleinement pris en compte dans les décisions publiques et privées.
Je suis encouragée par les progrès réalisés et auxquels j’ai pu contribuer. Mais même si la société avance, beaucoup reste à faire. Ce n’est pas le moment de ralentir : il faut plutôt collaborer avec les nouvelles générations pour franchir une autre étape. L’accessibilité est un chantier en constante évolution, et je veux continuer à y participer activement.
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