22 avril 2025
Daniel Normandin (HEC Montréal 1993) est une figure de proue de l’économie circulaire au Québec. Depuis la création en 2014 de l’Institut de l’environnement, du développement durable et de l’économie circulaire (Institut EDDEC*), implanté à l’Université de Montréal, à HEC Montréal et à Polytechnique Montréal, le titulaire d’un MBA de l’École cumule les réalisations et les chapeaux dans ce domaine.
Il est notamment à l’origine du site Québec circulaire, une initiative de l’Institut EDDEC et l’une des mesures phares du Pôle québécois de concertation sur l’économie circulaire, qu’il a cofondé. Il a également codirigé l’ouvrage collectif L’économie circulaire, une transition incontournable. Il agit à titre de directeur et cofondateur du Centre d’études et de recherches intersectorielles en économie circulaire (CERIEC) depuis septembre 2020, entité qui coordonne le Réseau de recherche en économie circulaire du Québec (RRECQ). Il est directeur exécutif de ce regroupement dont HEC Montréal est l’un des 4 établissements fondateurs.
Découvrez la genèse de son intérêt pour l’économie circulaire, ses fiertés, défis, souhaits et inspirations.
Photo : École de technologie supérieure
Vers le milieu des années 1980, après avoir d’abord cofondé une première entreprise, puis participé à la mise sur pied et à l’exploitation d’un centre de recherche à Polytechnique Montréal, j’avais développé une compréhension intuitive de la gestion. Mon MBA à HEC Montréal m’a permis d’approfondir des concepts théoriques que j’utilise encore aujourd’hui. C’était très complémentaire aux connaissances déjà acquises à l’université en sciences biologiques et en biotechnologies de l’environnement.
En 2013, je suis tombé complètement par hasard sur une lecture qui a changé le cours de ma carrière, soit un rapport de la Fondation Ellen MacArthur, un organisme britannique, qui traitait d’économie circulaire. Je ne connaissais rien sur ce sujet à l’époque, et les recherches étaient pratiquement inexistantes en Amérique du Nord. Ç’a été une révélation, si bien que j’ai laissé ce que je faisais – j’étais alors à la tête d’une firme de consultation en analyse de cycle de vie – pour m’y consacrer.
Quand j’ai décidé de me lancer en économie circulaire, un ancien collaborateur m’avait dit : « Ne va pas là-dedans, ça ne fonctionnera pas. » Souvent, il ne faut pas écouter les gens qui ont peut-être moins cette capacité d’innover, qui sont moins entrepreneurs dans l’âme, mais plutôt suivre son instinct, même lorsque la démarche est ambitieuse.
L’Institut EDDEC a été la première brique posée sur le mur de la circularité dans la province. Ensuite, le Pôle québécois de concertation sur l’économie circulaire, Québec circulaire, le CERIEC et le RRECQ sont des fiertés pour moi. Lorsque je regarde le chemin parcouru en une dizaine d’années seulement, je constate que le Québec est devenu le territoire nord-américain le plus avancé en matière d’économie circulaire. Je tiens à souligner que, si j’ai été la bougie d’allumage, toutes ces réalisations sont le fruit du travail acharné de nombreux collaborateurs et collaboratrices, que je remercie au passage.
Même si, dans certaines circonstances, le terme est tout-à-fait approprié, je suis un peu agacé par le fait qu’on utilise partout le mot « vert ». Autant pour la croissance, les entreprises, les technologies, il n’y a rien de vert dans l’absolu. Il y a seulement des nuances de vert. L’unique façon de savoir si notre activité, notre produit ou notre service est vert pâle ou foncé, c’est de faire des analyses de cycle de vie pour nous assurer d’avoir un gain net sur le plan environnemental.
Les 2 principaux défis sont de sortir des ornières de l’économie linéaire, qui est profondément ancrée partout sur la planète, et de s’assurer que, dans le contexte géopolitique actuel, les enjeux environnementaux demeurent prioritaires. Ça devient de plus en plus urgent de mettre en place des solutions systémiques concrètes, parce qu’en ce moment il y a plus d’indicateurs au rouge qu’au vert, justement.
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait », de Mark Twain. C’est la posture que j’avais adoptée quand j’ai décidé de me lancer en économie circulaire. Aujourd’hui, ces mots se sont avérés, donc je les garde en tête parce qu’ils m’inspirent toujours.
Ce qui m’impressionne le plus, c’est ce qui se passe en Europe, plus particulièrement aux Pays-Bas, où il semble y avoir une convergence entre les volontés du gouvernement, des entreprises et des citoyennes et citoyens, ce qui en fait les leaders mondiaux en économie circulaire.
Il y a beaucoup de fausses bonnes idées parce qu’on ne fait souvent que déplacer le problème ailleurs. Quand on s’efforce d’appliquer une pensée systémique, on arrive avec des solutions durables et un gain net en matière environnementale et sociale.
C’est que l’on prenne conscience que l’économie circulaire est probablement le meilleur modèle économique à adopter, car elle favorise une plus grande autonomie en matière de ressources et une réduction des incidences liées à la production et à la consommation. En fait, j’aimerais que le Québec devienne un peu comme les Pays-Bas de l’Amérique du Nord. Nous sommes sur la bonne voie, mais il faut encore travailler fort. L’idée, c’est toujours d’inspirer les autres et que l’économie circulaire se développe aussi dans le reste du Canada et au-delà.
* L’Institut EDDEC a été actif de 2014 à 2020. La relève a été assurée par le CERIEC.
Elle repose sur 2 mécanismes principaux :
Source : RRECQ
« De la réflexion à l’action! », article paru dans HEC Mag (automne 2023; vol. 22, no 1)
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