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Philippe Lanthier : coconstruire l'économie de demain

20 avril 2022

Philippe Lanthier (HEC Montréal 2008) a fait partie de la toute 1re cohorte du diplôme d’études supérieures spécialisées (D.E.S.S.) en gestion – développement durable (DD) de l’École. Il s’y est forgé un réseau solide et passionné comme lui, qui veut faire bouger les choses et qui prend les mesures nécessaires pour y arriver.

Occupant actuellement le poste de chef de pratique, changements climatiques à Énergir, il gère la démarche de reddition de compte climatique de l’entreprise ainsi que certaines initiatives de décarbonation. Il est aussi l’un des administrateurs de l’Espace québécois de concertation sur les pratiques d’approvisionnement responsable.

Philippe a gardé un attachement particulier pour son alma mater en participant notamment à la fondation de Créateurs de valeurs, un projet piloté par des étudiantes et étudiants de HEC Montréal qui vise à produire et diffuser des entrevues vidéo avec des personnalités marquantes du Québec ayant à leur actif des réalisations exemplaires en DD. Dans le cadre de la Journée de la Terre, nous avons entre autres discuté avec lui de ce qui l’a mené au DD, des défis et occasions en matière de changements climatiques et de la place de HEC Montréal dans son parcours.

QUEL A ÉTÉ L’ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR QUI VOUS A FAIT CHOISIR LE DD POUR VOTRE CARRIÈRE?

Au départ, je m’orientais vers une carrière en aide internationale. Après un stage de 6 mois en Inde à la suite de mon baccalauréat en économie et développement international à l’Université McGill, je suis revenu avec le profond sentiment que les entreprises pouvaient avoir une incidence dans le grand contexte de la mondialisation et qu’elles avaient la responsabilité de mieux gérer leurs activités pour engendrer du progrès en ce sens.

Je partais avec cette idée qu’on pouvait – et devait – faire mieux. De fil en aiguille, des amis m’ont pointé vers le programme de HEC Montréal, et il y a eu un déclic.

CONSIDÉREZ-VOUS QUE VOTRE PASSAGE À L’ÉCOLE VOUS A AIDÉ DANS VOTRE CARRIÈRE?

J’ai pu utiliser la notoriété de HEC Montréal comme un véhicule pour aller à la rencontre de différents décideurs dans le domaine du DD. Ça m’a permis de m’impliquer, de bâtir mon réseau et des projets concrets. En DD, il y a de la philosophie, de la psychologie, de la négociation, de la gestion du changement, des éléments qu’on peut toucher à HEC Montréal pendant nos études et appliquer dans notre quotidien.

QUELS SONT LES DÉFIS EN MATIÈRE DE CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR LE PLAN DES AFFAIRES?

C’est un domaine qui évolue tellement, notamment à cause de l’urgence climatique que l’on connaît et de l’impératif qu’on a en ce moment de trouver des modèles d’affaires plus alignés avec des écosystèmes et sociétés en santé. Il y a beaucoup de travail actuellement dans le secteur financier pour favoriser une meilleure transparence et une plus grande rigueur dans le calcul des émissions des gaz à effet de serre. Aux États-Unis, la Securities and Exchange Commission (SEC) a déployé un projet de règlement pour rendre obligatoires les divulgations climatiques. Ça s’accélère – et ça doit s’accélérer – pour que les investissements soient dirigés vers des solutions climatiques crédibles.        

La science est claire : les changements climatiques sont d’ores et déjà à l’effet parmi nous. Si on n’arrive pas à réduire collectivement nos émissions, on devra se préparer à des scénarios où il y aura davantage de répercussions. Les organisations se doivent d’analyser quelle sera l’incidence des changements climatiques sur leurs modèles d’affaires.

Les marchés vont se transformer, c’est une question de quand et de comment. Ça prend des politiques gouvernementales, et tous les pays doivent aligner leur trajectoire. Or, à l’heure actuelle, la coopération internationale est évidemment mise à mal avec la crise en Ukraine, mais ce qui est certain, c’est qu’il y a des entreprises, des municipalités qui n’attendent pas ça pour agir.   

QUELLE EST VOTRE VISION D’AVENIR EN MATIÈRE DE DD ET DE CHANGEMENTS CLIMATIQUES?

Je demeure optimiste quand je vois de petites victoires comme celle de la SEC et d'autres juridictions qui demandent une divulgation obligatoire. Est-ce que le changement va arriver assez rapidement? Je ne peux répondre à cette question. Mais il y a une volonté. Le plus récent rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat l’indique : les solutions pour décarboner nos économies existent et sont accessibles financièrement. Au Québec, nous sommes donc bien positionnés, mais il faut le faire d’une manière juste et inclusive, et collectivement.

Plus que jamais, la mise en commun est essentielle, et on doit l’accélérer pour arriver à des résultats. Ça prend des partenariats inédits, de l’innovation ouverte.    

SELON VOUS, QUELLES QUALITÉS ET FORCES SONT NÉCESSAIRES POUR ÉVOLUER EN DD?

Ça prend de l’audace, de la curiosité, de la rigueur, de l’humilité, une soif d’apprendre et la capacité de travail en collaboration : avec nos collègues immédiats, les autres équipes, les partenaires externes. Il faut aussi savoir bien écouter et communiquer.       

AVEZ-VOUS UN MESSAGE PARTICULIER À LANCER AUX DIRIGEANTES ET DIRIGEANTS D’ORGANISATIONS?

Je leur dirais de parler à leurs partenaires des actions envisagées et de poser les bonnes questions aux bonnes personnes.

C’est d’ailleurs l’une des choses qu’on apprend dans le D.E.S.S. : l’important, ce n’est pas nécessairement d’avoir les réponses. On peut coconstruire ces dernières avec les gens clés autour de la table.

C’est essentiel parce qu’il y a peut-être des occasions liées aux changements climatiques qui peuvent en résulter, de nouveaux produits et services qui peuvent vraiment positionner les organisations québécoises dans cette nouvelle économie davantage circulaire.

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