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La Chaire de gestion du secteur de l'énergie de HEC Montréal publie l'État de l’énergie au Québec 2018

Mercredi 13 décembre 2017

À l’aube de 2018, les Québécois sont plus que jamais des consommateurs d’essence et de diesel, achètent des véhicules toujours plus gros et des maisons sans cesse plus grandes, ce qui annule les gains réalisés en efficacité énergétique. Les cibles que s’est fixé le gouvernement pour réduire de 40 % la consommation de produits pétroliers et de 37,5 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 ne seront pas atteintes si les tendances se maintiennent. Une réorientation générale s’impose. En priorité, il faut mettre davantage en place des mesures pour renverser nos habitudes énergivores en transport (ex., l’écofiscalité), et développer les alternatives à l’auto-solo. C’est le principal constat qui se dégage de la 4e édition de l’État de l’énergie au Québec, un bilan annuel publié par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal qui rassemble les données les plus récentes sur le secteur de l’énergie.

 

« Les Québécois pourraient se croire en voie d’amorcer la transition énergétique, mais les données montrent qu’ils sont loin d’être à la hauteur de leurs ambitions en matière d’énergie et de réduction de GES », explique Pierre-Olivier Pineau, coauteur du rapport et professeur titulaire de la Chaire. « Alors qu’on parle de transition, les ventes d’essence, par exemple, ont augmenté de 8 % de 2015 à 2016, et on bat des records de ventes de camions. Les données rendent à l’évidence l’incohérence entre nos habitudes de consommation d’énergie et l’atteinte des cibles. »

 

Quelques faits saillants 

  • Le Québec est un gros consommateur d’énergie par habitant (195 gigajoules [GJ]). Moins que les États-Unis (198 GJ) et le Canada (228 GJ), mais beaucoup plus que l’Allemagne (113 GJ) ou la Norvège (166 GJ) qui ont des climats et des industries comparables.
  • Les Québécois confirment leur désintérêt pour les voitures et leur engouement pour les camions légers : deux fois plus d’argent a été dépensé en 2016 pour l’achat de camions (10,9 G$) par rapport aux voitures (5,5 G$). Cette tendance est exponentielle depuis 2009.
  • La stratégie d’électrification des transports n’a aucun impact notable sur la préférence croissante des Québécois pour les véhicules lourds, plus énergivores et émetteurs de GES. Malgré les subventions depuis 2012, on dénombre moins de 19 000 véhicules électriques ou hybrides rechargeables au Québec, soit 0,4 % de la flotte totale des véhicules personnels, alors que le gouvernement vise à en mettre 100 000 sur les routes d’ici 2020.
  • Le nombre de véhicules par 1 000 habitants croît de manière constante depuis 1990, ce qui contribue non seulement aux hausses de la consommation de produits pétroliers et d’émissions de GES, mais également à celle de la congestion routière.
  • Grâce à son hydroélectricité et à l’énergie éolienne, le Québec continue d’avoir des émissions de GES nettement plus faibles que celles de ses voisins. Par contre, les émissions de GES stagnent depuis 2010, alors qu’il faudrait qu’elles diminuent pour atteindre les cibles.
  • Malgré des réductions plus importantes dans les secteurs industriel et résidentiel, le Québec n’a globalement réduit ses émissions que de 8,9 Mt entre 1990 et 2015. Cela s’explique par des émissions en hausse en transport (+6 Mt éq. CO2, soit +21 %) et dans le secteur commercial (+1 Mt, soit +24 %).
  • Certains sous-secteurs industriels ont connu une hausse de l’intensité de leurs émissions par unité d’énergie. Entre 2006 et 2014, cela a été le cas pour les mines, les produits chimiques, l’agriculture et la foresterie ainsi que le secteur de la fonte-affinage aluminium. Ces sous-secteurs émettent donc plus de GES par unité d’énergie consommée qu’auparavant.
  • En 2017, le marché du carbone Québec-Californie a retrouvé sa vigueur. Un prix record de 19,05 $/t éq. CO2 (équivalent à 15,06 $US) a été atteint aux enchères de novembre 2017. Cela ajoute 4,5 ¢/litre d’essence, même si ce montant reste invisible pour les consommateurs. L’Ontario va intégrer ce marché commun du carbone en 2018, ce qui lui donnera davantage de crédibilité.
  • Les efforts que la Californie devra faire pour atteindre sa cible de 2030 (−40 % sous le niveau de 1990) devront être beaucoup plus grands que ceux du Québec et l’Ontario, provinces qui sont elles-mêmes encore loin de l’atteinte de leurs propres objectifs à l’égard de la lutte contre les changements climatiques. Cet État américain sera donc confronté à des défis de taille, tout comme ceux qui nous attendent ici.
  • Les données pour le transport de produits pétroliers par train et par voie maritime au Québec, les sources d’approvisionnement du gaz naturel, ainsi que la production de biocarburants, ne sont toujours pas disponibles dans les bases de données officielles, tant au niveau fédéral qu’au niveau provincial.

 

« Devant l’ampleur de l’appétit énergétique des Québécois, que démontrent les données, il est illusoire de croire que le Québec pourra simplement atteindre ses cibles en remplaçant des sources d’énergie propres aux hydrocarbures. Redresser les tendances lourdes et réussir la transition demande une plus grande cohérence dans la gouvernance interministérielle du dossier. Le gouvernement doit favoriser de manière plus soutenue une transition vers une économie qui minimise les pertes d’énergie et améliore sa productivité », résume M. Pineau.

 

Enfin, à l’occasion du lancement de l’État de l’énergie au Québec 2018, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable du Plan Nord, M. Pierre Moreau, en présence de la présidente-directrice générale de Transition énergétique Québec (TEQ), Mme Johanne Gélinas, a annoncé l’attribution d’une somme d’un million de dollars sur cinq ans à la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal pour la soutenir dans ses travaux de recherche. L’appui de TEQ vient s’ajouter à celui de dix autres partenaires de la Chaire, soit : BMO, Boralex, Enbridge, ENERCON, Énergie renouvelable Brookfield, Énergir, MERN, McCarthy Tétrault, PwC et Valero.

 

Pour en savoir plus

Consultez l’État de l’énergie au Québec 2018, rédigé par Johanne Whitmore et Pierre-Olivier Pineau.

 

À propos

Créée en 2013, la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal a pour mission d’augmenter les connaissances sur les enjeux liés à l’énergie, dans une perspective de développement durable, d’optimisation et d’adéquation entre les sources d’énergie et les besoins de la société. Pour plus d’information, visitez energie.hec.ca | Twitter

 

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Marie-Pierre Hamel, conseillère en relations avec les médias

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