9 novembre 2022
Dès qu’il a été en mesure de le faire, Raymond Désormeaux (HEC Montréal 1960) a choisi la cause des leaders d’aujourd’hui et de demain comme projet philanthropique et en a fait une tradition familiale. La preuve, il a créé en 2009 le Fonds de bourses Famille Désormeaux pour que ses fils et petits-enfants – dont 3 sont diplômés de l’École – y contribuent au fil des années et prennent sa relève. Même ceux n’ayant pas étudié à HEC Montréal ont répondu à l’appel et se sont engagés à poursuivre l’œuvre de leur père ou grand-père.
Découvrez ce qui a motivé celui qui a commencé sa carrière comme représentant pour une compagnie de fonds communs de placement, présidé le conseil de la Bourse de Montréal et fait sa marque en acquérant avec des associés dans les années 1960 une firme de courtage en valeurs mobilières – l’une des pionnières au Québec dans le développement d’un marché financier francophone –, et comment il a transmis son attachement et son engagement pour son alma mater à toute sa famille.
L’incidence est majeure. Je n’ai que de bons souvenirs de l’École et de son corps professoral. J’y ai appris à apprendre, j’en ai profité beaucoup et ça m’a servi durant toute ma carrière.
Je proviens d’un milieu très modeste. Au cœur d’une famille de 15 enfants, mon père n’a pas eu d’instruction et avait une idée en tête : me faire instruire pour que j’aie moins de difficulté que lui dans la vie. J’ai fait le cours classique et, quand j’ai terminé, il ne pouvait continuer à me soutenir financièrement. J’ai donc dû travailler les fins de semaine pour payer mes études universitaires. Alors au moment où j’ai été en mesure d’avoir un peu de surplus, j’ai souhaité redonner à la société.
J’ai pris en considération que, pour moi, cela avait été difficile, car je n’ai jamais eu de bourses et que je devais travailler en même temps. Je voulais donc aider d’autres gens à développer leurs talents à l’École et leur permettre de se consacrer à leurs études.
Je tenais à ce que le fonds se nomme Famille Désormeaux pour que ce soit pérenne et que les membres de toute ma famille continuent après moi. J’ai toujours emmené mes fils aux remises de bourses et ensuite mes 6 petits-enfants, 1 par année. Je me suis servi de cela pour qu’ils connaissent l’École et réalisent en discutant avec les boursières et boursiers les répercussions que cela avait sur ces derniers.
J’avais donc 2 buts : qu’ils constatent leur chance de pouvoir étudier sans problème de financement et découvrent comment cela rendait service pour éventuellement poursuivre cette tradition philanthropique.
Par ce fonds, notre famille a également tenu il y a quelques années à remettre une bourse par année à des étudiantes et étudiants qui éprouvent des difficultés d’apprentissage et travaillent très, très fort pour réussir. Ils réussissent très bien, par ailleurs. Nous avons voulu leur consacrer une bourse pour les aider et surtout leur permettre de ne pas avoir à travailler en plus de leurs études.
L’École – et plus généralement les études universitaires –, c’est l’avenir du Québec et du monde des affaires. En remettant des bourses à celles et ceux qui n’auraient peut-être pas les moyens d’aller à l’université, je pense que nous y contribuons un peu. Pour moi, il n’y a pas de limite à ce fonds. On a commencé tranquillement et on en ajoute chaque année. On attribue ainsi plus de bourses et on aide de plus en plus de gens à s’instruire.
Ce que je souhaite par cet article aussi, c’est convaincre d’autres personnes de donner à la relève de HEC Montréal.
Pour les 3 fils de Raymond Désormeaux – Eric, financier et diplômé de HEC Montréal en 1985, Marc, dentiste et diplômé de l’Université de Montréal en 1983 et Yves, ingénieur et diplômé de Polytechnique Montréal en 1989 –, il s’agit tout simplement d’un honneur de poursuivre le geste de générosité de leur père, qu’ils transmettent à leur tour à leurs enfants :
« Notre père, au lieu de ne penser qu’à son propre confort, a décidé d’aider des étudiantes et étudiants de HEC Montréal à se concentrer davantage sur leurs études en diminuant leur stress financier, contrairement à ce qu’il a vécu. Comment alors ne pas vouloir continuer son œuvre? D’autant plus que nous avons eu la chance d’aller à l’université sans nous soucier de contraintes d’argent, ce qui nous a permis de réussir et de profiter pleinement de ce moment. Nous sommes plus que choyés de l’avoir comme modèle et il nous inspire. Ce projet philanthropique familial nous offre la possibilité de transmettre aux générations futures les valeurs d’éducation et d’entraide qu’il a établies. »
Laurence (HEC Montréal 2020) et William (HEC Montréal 2021 et 2022), 2 des petits-enfants de M. Désormeaux, entendent bien faire vivre le projet philanthropique de leur famille à travers les années :
« Nous vivons dans une société au sein de laquelle il existe des inégalités et n’avons pas les mêmes chances et ressources financières pour payer nos études, souligne Laurence. Or, notre grand-père, dès notre plus jeune âge, nous a sensibilisés à l’importance d’aller à l’université. La tradition philanthropique qu’il a mise en place dans l’optique de “donner au suivant” véhicule des valeurs essentielles. Les bourses octroyées reconnaissent les efforts et la persévérance. Dans un futur proche, je serai honorée de faire perdurer cette tradition de génération en génération. »
William ajoute : « Depuis aussi longtemps que je me souvienne, mon grand-père a toujours promu l’éducation. Quand est venu le moment de choisir une université pour étudier en comptabilité, j’étais excité de suivre les traces de mon grand-père, quelque 60 années plus tard. J’ai savouré chacun de mes instants à HEC Montréal et je suis fier de continuer ce qu’il a commencé. »