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Alyson Wood : Multientrepreneure dans l'âme

18 octobre 2022

Déjà à 7 ans, Alyson Wood (EMBA McGill-HEC Montréal 2017) exploitait un lave-auto dans son voisinage. On ne se surprend donc pas qu’elle se trouve maintenant à la tête de 3 sociétés (Knock on Wood Design, Les placements Dennis Wood inc. et Nado inc.), en plus de siéger à plusieurs conseils d’administration (C. A.), dont celui de la Fondation Lise Watier et de Phelps Aide. Il faut dire qu’elle a de qui tenir : son père, Denis Wood, est l’un des bâtisseurs du Québec inc. et sa mère a également été entrepreneure.

Mais cette fonceuse a su faire son chemin et prendre sa propre place, ne tenant rien pour acquis et n’ayant jamais peur des défis, au contraire. Celle qui a commencé sa carrière comme designer de mode a notamment mené son entreprise de création à l’international, élevé 4 enfants, obtenu le titre IAS. A*, réussi un EMBA et pris la barre de la société familiale au pied levé. Parmi les projets entrepreneuriaux dont elle se dit la plus fière, se trouve le livre Si je pouvais raconter mon histoire, qu’elle a instigué pour rendre hommage au parcours fructueux de son père, aujourd’hui âgé de 82 ans et atteint de la maladie d’Alzheimer.  

Organisée, dites-vous? Indéniablement, en plus de savoir bien s’entourer et de s’assurer de toujours respecter ses valeurs. Veillant à épauler concrètement la relève, elle contribue aussi à la bourse Entrepreneuriat au féminin pour les étudiantes du MBA de HEC Montréal depuis près de 5 ans.

Mode, design intérieur, gouvernance, retour aux études, métal : découvrez le fil conducteur derrière le parcours de cette multientrepreneure d’exception.


QU’EST-CE QUI VOUS A DONNÉ LA FLAMME DE L’ENTREPRENEURIAT?

J’ai eu une grande influence de mes parents, car ils ont toujours eu des entreprises. Mais tout a commencé dans un sens à 7 ans. On habitait en banlieue de Toronto, et le soir j’allais proposer aux voisins des coupons pour laver leur véhicule le week-end d’après. J’avais même engagé des gens pour m’aider!


COMMENT ÊTES-VOUS DEVENUE MULTIENTREPRENEURE?

Ça s’est bâti organiquement. Je ne me suis pas levée un matin en me disant que j’étais entrepreneure! J’ai tout d’abord eu mon diplôme en mode et lancé mon 1er projet : je créais des chandails avec des retailles de tissus chez moi et les vendais. J’ai fondé officiellement Knock on Wood Design en 1988, à Sherbrooke. Mon père y avait plusieurs organisations sous sa gouverne, dont Nado inc., un fabricant de métal; le personnel me connaissait, j’allais le visiter depuis mon adolescence.

Plus tard, mon père a eu l’Alzheimer et mon frère avait déjà ses propres firmes, à Toronto. J’ai donc repris l’entreprise de mon père au pied levé. En plus, j’ai décidé de suivre un cours à l’Institut des administrateurs de sociétés, car je désirais siéger à des C. A. Retourner aux études m’a vraiment donné le goût d’apprendre. J’ai ensuite rencontré Marie Pier Germain (Germain Hôtels) qui venait de réussir l’EMBA McGill-HEC Montréal et me l’a fortement recommandé.


EST-CE CE QUI VOUS A DONNÉ LA PIQÛRE POUR REPRENDRE L’ENTREPRISE FAMILIALE?

Je souhaitais bien sûr aller chercher les connaissances que je n’avais pas, mais mon objectif 1er en allant faire mon EMBA, c’était d’amener plus loin mon entreprise de design intérieur. Je me suis rendu compte à la moitié du programme que j’étais là pour la mauvaise raison parce qu’on ne peut vraiment transférer la notion artistique. Or, l’EMBA m’a donné de la confiance et du savoir-faire pour penser à prendre les rênes de la société de gestion de placements de mon père et donc de Nado inc.. Le C. A. m’a offert 1 an pour aller explorer les besoins, soit le même temps que mon EMBA, et je continuais à gérer Knock on Wood Design. Ç’a été tellement vite après! Quand j’ai intégré officiellement Nado inc., je voyais que je pouvais mettre mon EMBA en application, je me sentais bien.


QUEL EST VOTRE SECRET POUR CONJUGUER CES 3 RÔLES PROFESSIONNELS, VOTRE VIE FAMILIALE ET VOS ENGAGEMENTS AU SEIN DE C. A.?

Même moi, je me le demande parfois! Blague à part, tout d’abord, je me lève tôt le matin. Lors de mon 1er emploi, j’ai également suivi un cours sur la gestion des priorités, qui m’a servi toute ma vie. Et d’avoir eu 4 enfants, ça m’a appris à être organisée! Je fais des listes, je suis consciente que je ne peux être partout en même temps. Et vous savez, je ne fais pas cela seule.  

Le secret aussi, c’est de déléguer et de s’entourer de personnes fortes pour nous aider.   


QUELLE INCIDENCE SOUHAITEZ-VOUS AVOIR À VOTRE TOUR EN VOUS IMPLIQUANT AUPRÈS DE LA RELÈVE, NOTAMMENT EN CONTRIBUANT À LA BOURSE ENTREPRENEURIAT AU FÉMININ DE L’ÉCOLE?

J’ai eu la chance d’être encadrée dans ma vie, je veux donc l’accorder à d’autres. J’aime le fait de propulser d’autres femmes dans le monde entrepreneurial, de les encourager à réaliser leurs rêves.

Aider, c’est une valeur fondamentale pour moi. Chaque être humain doit prêter main-forte, car sinon la société n’avancera pas.  


QUEL CONSEIL DONNERIEZ-VOUS À QUELQU'UN QUI SOUHAITE REPRENDRE L’ENTREPRISE FAMILIALE?

On doit se préparer, avoir l’esprit ouvert et commencer au bas de l’échelle. Ça nécessite un minimum de bagage et d’humilité, il est important de se rappeler qu’il y a un fondateur derrière qui a tout bâti. D’ailleurs, ma principale recherche au EMBA portait sur la gestion des entreprises familiales**. J’ai un engagement personnel à mieux cerner les enjeux qui y sont reliés, et à contribuer à l’avancement de l’entrepreneuriat familial multigénérationnel au Québec et ailleurs.

Il ne faut pas penser qu’on peut tout faire et changer, on doit y aller graduellement pour gagner la confiance du personnel en place. Car on a beaucoup à apprendre de nos employées et employés.    


Y A-T-IL DES CHOSES QUE VOUS FERIEZ DIFFÉREMMENT SI VOUS EN AVIEZ LA CHANCE?

Non! Peut-être que j’aurais aimé aller à l’université quand j’étais jeune, mais je ne pense pas que j’aurais eu un tel parcours. Je suis retournée aux études à 46 ans, probablement parce qu’à ce moment-là j’étais prête. J’ai donc zéro regret!

* Programme de perfectionnement de l’Institut des administrateurs de sociétés et de la Rotman School of Management de l’Université de Toronto
** What Is Good Family Office Governance, and Why Does It Matter? A Demonstration of its Positive Impact on Successful Wealth Transfer for Future Generations
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