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Amir Barnea : investir dans l’avenir

3 juillet 2014

Extrait de HEC Montréal Mag, printemps 2014

par Kathlyn Horibe

Lorsqu’Amir Barnea s’est joint à HEC Montréal en 2011, il connaissait seulement deux expressions en français : « bonjour » et « au revoir », se remémore le professeur agrégé au Service de l’enseignement de la finance. « La langue est splendide. Je l’aime beaucoup et j’investis beaucoup de temps – deux heures par jour – à son apprentissage. Une partie de la structure de l’hébreu est similaire à celle du français, par exemple le pluriel et le singulier, affirme le citoyen canadien né à Tel-Aviv. Nous disons aussi une “maison rouge” et non une “rouge maison” et nous conjuguons selon le genre, mais la similitude s’arrête là. »

Résolu à maîtriser le français, il a été en mesure d’enseigner son premier cours dans cette langue lors du dernier semestre. Il enseigne de multiples séances sur le financement des entreprises en anglais et en français aux étudiants du MBA.

Le professeur Barnea n’est pas étranger au Canada : il a obtenu un Ph. D. en finances de l’Université de la Colombie-Britannique, et le sujet de son mémoire était l’investissement socialement responsable. Puis il a passé trois ans à l’University of Texas, à Austin, puis trois autres années au Claremont McKenna College de Californie.

En 2010, il a publié « Nature or Nurture: What Determines Investor Behavior? » dans le prestigieux Journal of Financial Economics. L’article, cité récemment dans le magazine The Economist, était coécrit avec Henrik Cronqvist, professeur agrégé au Claremont McKenna College, et Stephan Siegel, professeur agrégé à l’University of Washington.

Fondé sur les données des portefeuilles financiers complets de 37 504 vrais et faux jumeaux suédois, l’article examinait les facteurs fondamentaux du comportement individuel d’investisseur, en particulier la décision d’investir à la bourse des valeurs mobilières et le choix de répartition des actifs.

Le professeur Barnea explique : « Certaines personnes ont une attitude détendue par rapport au risque tandis que d’autres ont une aversion aux risques. Pourquoi ? Est-ce lié à la génétique : sommes-nous nés ainsi ou s’agit-il d’un comportement acquis ? » La base de données suédoise était « parfaite, car elle nous permettait d’étudier des personnes ayant le même ADN et d’examiner les similitudes dans leurs placements. » Les données indiquent que la composition génétique d’une personne est un facteur déterminant dans son comportement d’investisseur. « Le facteur génétique est très important, ajoute-t-il. Nous sommes nés avec une certaine attitude qui nous suivra pour le reste de nos jours. »

L’un de ses articles, actuellement à un stade avancé du processus d’acceptation du Journal of Financial Intermediation, a tracé les réseaux sociaux liant 12 000 directeurs nommés aux conseils d’entreprises inscrites à l’indice S&P 500. « L’idée était d’examiner le rôle joué par l’interdépendance dans les réseaux et quelles sont les caractéristiques et implications liées au fait d’avoir une grande appartenance au sein d’un réseau. » 

En ce qui concerne ses recherches actuelles, il affirme : « J’aime travailler sur des sujets sexy qui n’ont pas nécessairement de liens entre eux. Un point commun de certains de mes articles est l’emprunt de méthodes utilisées dans d’autres domaines. Dans l’article sur les réseaux sociaux, nous avons fait appel à des méthodes de sociologie; dans celui sur les comportements innés et acquis, de la biologie. » Il travaille actuellement sur le rôle de la chance dans le monde des affaires. « On entend parfois des discours publics prononcés par des directeurs de haut niveau et on se demande comment ils en sont arrivés au sommet. Il est possible que la chance entre en jeu, mais il existe peut-être d’autres facteurs. Je tente de me concentrer sur cette question. »

En comparaison avec la vie dans la banlieue du sud de la Californie, il aime bien évoluer au cœur d’une grande ville. « Montréal est l’endroit parfait pour nous », souligne-t-il. Son épouse est professeure de physique à l’Université McGill, et le couple a trois enfants : deux filles et un petit garçon. « J’aime le mode de vie. Je me rends au travail à vélo. J’adore fréquenter les cafés à deux minutes de la maison. Cela me rappelle la vie en Israël. Nous sommes très heureux d’être de retour au Canada. »