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Productivité et prospérité au Québec – Bilan 2010

La bonne performance du Québec ne se traduit pas par un rattrapage significatif

1 octobre 2010

Le Centre sur la productivité et la prospérité HEC Montréal a dévoilé hier une nouvelle étude Productivité et prospérité au Québec – Bilan 2010. Robert Gagné, directeur du Centre et professeur titulaire à l’Institut d’économie appliquée, y dresse les grandes lignes de son bilan, chiffres à l’appui.

Ainsi, l’étude indique qu’au cours de la récente récession, le niveau de vie des Québécois a été relativement épargné comparativement à celui de ses voisins et de la plupart des pays de l’OCDE. Le Québec demeure en 2009 entre le 19e et le 20e rang du classement des pays de l’OCDE pour ce qui est du niveau de vie, tout juste derrière l’Espagne et légèrement devant l’Italie.

Étant donné cette bonne performance relative du Québec au cours de la récession, il est pertinent de se demander si les écarts de niveau de vie entre le Québec et ses voisins ont changé substantiellement entre 2008 et 2009.

« Or, la relative bonne tenue du Québec n’a fondamentalement rien changé au retard économique de la province, et aucun rattrapage significatif n’a été enregistré à la suite de la dernière récession, explique Robert Gagné. Ce retard relève plutôt de facteurs structurels tels que la flexibilité du marché du travail et le niveau général de concurrence dans notre économie, par exemple. »

Toujours selon Robert Gagné, la productivité du travail, mesurée par le PIB par heure travaillée, demeure encore aujourd’hui l’une des principales sources de l’écart de niveau de vie entre le Québec, le Canada et les États-Unis. En 2009, la productivité du travail expliquait près de 27 % de l’écart de niveau de vie avec l’Ontario, 57 % avec le Canada et 78 % avec les États-Unis.

Les différences dans la composition industrielle de ces trois économies ne permettent pas d’expliquer les écarts constatés. Cependant, la majeure partie de la croissance de la productivité du travail observée globalement au Québec (80 %) provient du secteur des services.

« Le Québec connaîtra très prochainement une baisse substantielle de son bassin de travailleurs potentiels, conséquence directe du vieillissement de la population, poursuit M. Gagné. Les projections actuelles montrent que le rapport de dépendance démographique, soit le rapport entre le nombre de personnes de moins de 15 ans ou de plus de 64 ans et le nombre de personnes âgées entre 15 et 64 ans, passera, de 4,5 sur 10 qu’il est actuellement, à 7 sur 10 en 2036. »

Ainsi, si le Québec maintient le rythme actuel de croissance de sa productivité du travail (1,05 % par année), la croissance du niveau de vie s’élèvera à 0,86 % en moyenne par année entre 2010 et 2026, comparativement au taux de croissance historique de 1,42 %. Et pour maintenir la croissance du niveau de vie à 1,42 %, le Québec devra connaître une hausse annuelle moyenne de sa productivité du travail de 1,61 %, soit un taux de 50 % supérieur au taux de 1,05 % observé historiquement.

Par ailleurs, le Centre sur la productivité et la prospérité tenait en après-midi sa première conférence, intitulée « Pourquoi et comment accroître la productivité au Québec ? ». Cinq conférenciers, dont Robert Gagné, Marcella Estavao, du Fonds monétaire international, James Milway, de l’Institute for Competitiveness and Prosperity, Romain Duval, de l’Organisation de coopération et de développement économiques, et Benoît Dostie, du Centre sur la productivité et la prospérité, ont fait état de leurs recherches et réflexions à la centaine de participants réunis à l’École.

A suivi une table ronde animée par le chroniqueur de La Presse Alain Dubuc à laquelle participaient Françoise Bertrand, présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec; Paul Desmarais jr, président du conseil et cochef de la direction de Power Corporation du Canada, Michel Patry, le directeur de l’École, ainsi que Jean-Luc Trahan, président de la Commission des partenaires du marché du travail.

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