Nouvelles > 2009 > Implantation de systèmes d’information cliniques

Implantation de systèmes d’information cliniques

Une méthodologie rigoureuse de gestion des risques est maintenant disponible

30 novembre 2009

Le budget alloué aux technologies de l’information (TI) dans les établissements de santé au Québec croît d’année en année. En 2007, il atteignait déjà environ 2,7 millions de dollars, à l’exclusion des grands projets financés par le ministère de la Santé et des Services sociaux et par Inforoute Santé du Canada. Malgré la croissance des investissements effectués dans ce domaine, il reste difficile, en pratique, de réussir l’implantation des projets de TI et d’en tirer les bénéfices escomptés. Le projet SIDOCI, qualifié dans les années 1990 de pire histoire technologique au Québec, constitue un cas révélateur. Un autre cas de figure fait actuellement beaucoup couler d'encre. Il s’agit du projet DSQ (Dossier santé Québec), dont les coûts et l’échéancier risquent d’être largement dépassés.

Afin d’aider les gestionnaires de projets en TI du secteur de la santé, une méthodologie rigoureuse d’évaluation du niveau de risque applicable à l’ensemble des projets d’implantation de systèmes d’information cliniques (SIC)* a été développée. Le professeur Guy Paré , titulaire de la Chaire de recherche du Canada en technologie de l’information dans le secteur de la santé, et Claude Sicotte, professeur titulaire au Département d’administration de la santé de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, collaborent étroitement depuis 2004 à la conception et à la mise en œuvre de cette méthodologie. En cours de route, trois autres personnes se sont jointes à l’équipe : Mirou Jaana, qui a été stagiaire postdoctorale à HEC Montréal de 2005 à 2007, aujourd’hui professeure adjointe à l'Université d’Ottawa, David Girouard, diplômé de la M. Sc. de HEC Montréal, maintenant consultant chez Deloitte, et, plus récemment, Placide Poba-Nzaou, chercheur postdoctoral à la chaire dirigée par Guy Paré.

Réduire les facteurs de risque principaux

L’élément central de la méthodologie tient dans une grille de 23 facteurs de risque associés à l’implantation d’un SIC et répartis en 7 catégories. Une étude Delphi à laquelle ont participé 21 experts du secteur de la santé de plusieurs régions du Québec a permis aux chercheurs de construire cette grille et de proposer une définition, validée et partagée par les experts, de chacun des facteurs retenus.

Cette grille sert à déceler les principaux risques susceptibles de nuire au bon déroulement d’un projet de TI au sein des établissements de santé. Divers outils permettant de mesurer le plus objectivement possible chacun des facteurs de risque accompagnent cette grille. Il s’agit essentiellement des outils suivants :

L’accompagnement de l’équipe de projet, qui peut prendre la forme d’observation lors de réunions ou de séances de formation des utilisateurs, s’ajoute à l’offre de service. Enfin, l’évaluation réalisée permet de suggérer des mécanismes d’atténuation du risque à l'équipe de projet ou encore à d’autres parties, comme le fournisseur de l’application informatique. Ces recommandations sont assorties d’une justification et une priorisation des actions proposées est aussi fournie.

Transfert des connaissances et évolution de la méthodologie

Le fruit des nombreuses années de travail de l’équipe de chercheurs est maintenant à la portée des établissements de santé du Québec, grâce à une entente conclue récemment avec la firme Ovila Girard Groupe Conseil (OGGC), fortement engagée dans le secteur de la santé, à laquelle une licence de commercialisation a été accordée.

Avant que leur méthodologie ne soit commercialisée, les chercheurs l’ont appliquée dans le cadre de différents projets, pour le compte d’établissements de santé. Ils ont par la suite accompagné pendant un an la firme OGGC à chacune des étapes d’un vaste projet technologique en soins à domicile se déroulant sur neuf sites différents au Québec.

Si le transfert des connaissances est maintenant réalisé, le travail n’est cependant pas terminé. En effet, les chercheurs poursuivent leurs travaux afin de faire évoluer leur méthodologie. Entre autres enrichissements, ils souhaitent adapter leur méthodologie aux réalités des marchés européen et états-unien, en commençant par y réaliser des études Delphi. Et ils prévoient créer, probablement en partenariat, un outil en ligne, doté d’un accès sécurisé, pour faciliter l’administration des questionnaires et  le traitement des données recueillies.

* Par exemple : implantation du dossier patient électronique, applications diverses en télésanté, systèmes d’information en soutien à la radiologie, aux soins à domicile, aux laboratoires, à la pharmacie, etc.