Alain Brunet doit avoir les lettres SAQ tissées serrées dans son ADN. Celui qui a commencé à travailler à temps partiel pour la société d’État en 1981, tout en étudiant l’histoire à l’Université de Montréal, a gravi les échelons jusqu’à la tête de l’organisation. Il est l’un des rares dirigeants de la SAQ, passés et présents, à avoir commencé au bas de l’échelle.
La piqûre du commerce de détail, il l’a attrapée dès ses débuts comme caissier-vendeur, au point de devenir rapidement directeur de succursale, en 1987, puis directeur de secteur, en 1993, puis directeur des ventes, en 1999, et ainsi de suite jusqu’à la vice-présidence et à la présidence, qu’il a occupée pendant cinq ans, jusqu’en 2018.
« Si je suis tombé en amour avec le commerce de détail, c’est en raison du contact avec les gens, tant du côté des clients que de celui des employés, une fois devenu gestionnaire », dit-il. Il a fait un bref saut chez Provigo durant six mois, en 1998, avant de revenir à la SAQ sous la présidence de Gaétan Frigon, qui amorçait le virage commercial axé sur la clientèle.
Cette passion de l’humain a coloré le reste de sa carrière et de ses réalisations. « J’allais sur le plancher une fois par semaine. En succursale ou en entrepôt, je suis resté le gars de la base, présent et accessible, et mes collègues me l’ont bien rendu en m’accordant leur confiance. J’ai pu mettre en œuvre des changements importants dans l’organisation parce que j’avais l’appui des gens. »
Grâce à cette qualité, il a réussi à relever de grands défis. « Nous avons poussé l’organisation vers l’innovation et les nouvelles technologies, et nous avons instauré l’expérience client à travers tous les canaux de ventes et de diffusion. Car il faut se rappeler que la SAQ n’était autrefois qu’un centre de distribution! » Sa grande fierté est d’avoir implanté une philosophie d’évolution dans cette grande organisation. « La culture du changement va demeurer. Elle va vivre et propulser l’organisation encore plus loin », affirme-t-il.
Selon lui, la SAQ peut inspirer d’autres entreprises à adopter la culture du changement nécessaire dans l’ensemble du commerce de détail. « La survie repose sur la capacité à se doter de nouveaux moyens d’être performant dans la relation avec le client. » Selon lui, le défi des entreprises de commerce de détail est aujourd’hui de développer ou d’adapter des outils permettant une meilleure qualité et davantage de profondeur dans la relation avec le client. « À la SAQ, le client est dorénavant accueilli par un conseiller qui connaît le produit, qui a été formé, qui est devenu un expert… ce n’est plus le même métier qu’avant », lance celui qui a piloté l’organisation et créé les fameuses pastilles de goût à la SAQ.
La passion des relations avec les gens a tout naturellement fait naître, chez Alain Brunet, le désir d’accompagner et d’enseigner. Lorsque HEC Montréal lui a proposé de devenir professeur associé du programme HEC-SAQ en commerce de détail, il a rapidement accepté. « C’est une culture d’enseignement branchée sur l’industrie et le milieu », constate-t-il. Il entreprend donc avec beaucoup d’enthousiasme ces nouvelles fonctions. « Ça me passionne de pouvoir redonner aux dirigeants, de partager avec eux les apprentissages que j’ai retirés de mes erreurs et de mes succès », ajoute-t-il.
Quant à son rôle de parrain pour la cohorte 2020 du programme de l’École des dirigeants, il l’entrevoit bien entendu sur le plan des relations avec les participants. « Je les accompagnerai tout au long de leur parcours, j’assisterai aux présentations, je ferai des liens et je relancerai les discussions », précise-t-il. « Je serai aussi disponible pour des rencontres individuelles, plus personnalisées. Les gens du commerce de détail ont besoin d’idées concrètes, qui leur rendront service pour les prochaines étapes. Je peux leur apporter cette valeur ajoutée », dit Alain Brunet.
Celui qui en inspire tant d’autres a, lui aussi, été inspiré par le Canadien Henry Mintzberg, qui considère qu’un grand gestionnaire doit être au cœur de l’équipe et non dans sa tour d’ivoire. « Il faut être sur le terrain pour déterminer et établir des objectifs stratégiques cohérents et porteurs de changement », conclut Alain Brunet, qui continue de s’investir sur le conseil d’administration de la SAQ, 38 ans après avoir décroché son premier emploi en succursale.