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[Étude] La Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal publie l’État de l’énergie au Québec 2017

Mercredi 7 décembre 2016

Malgré la nouvelle politique énergétique 2030 et les plans d’action sur les changements climatiques, les cibles fixées par le gouvernement ne seront pas atteintes si les tendances actuelles se poursuivent, particulièrement dans le secteur du transport. Une réorientation générale s’impose. C’est le principal constat qui se dégage de la 3e édition de l’État de l’énergie au Québec, le bilan annuel publié par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal qui rassemble les données les plus récentes sur le secteur de l’énergie.

« Les données montrent l’ampleur des défis en matière d’énergie et de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), explique Pierre-Olivier Pineau, coauteur du rapport et professeur titulaire de la Chaire. Il est clair que l’on ne pourra pas uniquement miser sur les programmes traditionnels, qui ont été au cœur des plans énergétique et climatique, car ils n’ont pas réussi à réduire les émissions de GES au Québec. »

Preuve à l’appui : la stratégie d’électrification des transports a peu d’impact sur la préférence croissante des Québécois pour les véhicules lourds plus énergivores, émetteurs et difficiles à électrifier. Selon les données, le nombre de camions légers pour passagers, incluant les véhicules utilitaires sport et les camionnettes, a augmenté de 195 % entre 1990 à 2013. Par ailleurs, les ventes de camions ont dépassé, pour la première fois, celles de voitures au Québec en 2015 : c’est près de 9 G$ que les Québécois ont dépensé pour des camions neuf en 2015, comparativement à 5,7 G$ pour des voitures.

De manière générale, toutes les régions sont touchées par l’augmentation du nombre de véhicules par 1 000 habitants et une plus grande proportion de gros véhicules. C’est la Gaspésie qui remporte la palme du plus grand nombre de véhicules : 711 par 1 000 habitants, la moyenne québécoise étant de 556. Le Nord-du-Québec, la Côte-Nord et l’Abitibi-Témiscamingue sont les trois seules régions avec plus de 50 % du parc de véhicules composé de camions légers, quand la proportion au Québec est 36 % alors qu’elle était seulement 30 % en 2010.

Par ailleurs, on dénombre seulement 11 619 véhicules électriques et hybrides rechargeables en 2016, soit environ 0,2 % de la flotte des véhicules personnels au Québec. De plus, seulement 7300 bornes de recharge ont été installées alors que le gouvernement vise à mettre 100 000 véhicules électriques et hybrides rechargeables sur les routes d’ici 2020.

Ces tendances ne sont pas favorables à l’atteinte des cibles de réduction de la consommation de produits pétroliers en 2030 (−40 %) et des émissions de GES. « Il ne reste que 4 ans avant l’échéance de notre première cible de réduction de GES, soit −20 % sous le niveau de 1990, rappelle M. Pineau. Si le Québec a tous les atouts pour réussir sa décarbonisation, il doit cependant prendre ses décisions sur la base de données fiables et détaillées relativement à ses ressources énergétiques et l’usage qui en est fait. »

 

D’autres faits saillants : 

  • La hausse de la consommation d’énergie dans le secteur du transport commercial de marchandises et de voyageurs est la plus inquiétante : entre 1990 et 2013, la consommation de ce secteur a connu une forte croissance par rapport à celle des véhicules personnels, soit de 63 % comparativement à 15 % pour les véhicules personnels.

  • Les ventes de produits pétroliers raffinées ne montrent aucun essoufflement : entre 1990 et 2015, elles ont augmenté de 8 %, et celles d’essence ont augmenté de 19 %.
  • Durant les sept premiers mois de 2016, l’approvisionnement en pétrole canadien représentait 36 % des importations totales du Québec, un montant aussi important que l’arrivée de pétrole américain (30 %). La mise en service de la ligne 9B d’Enbridge a principalement permis ce changement.
  • Certaines installations d’Hydro-Québec n’ont été construites que pour répondre à une demande de pointe qui ne survient que quelques heures par année : en 2015, la demande horaire d’électricité au Québec a varié d’un creux de 12 732 MWh en été, jusqu’à un sommet représentant le triple, soit 35 779 MWh en hiver. En comparaison, la demande horaire d’électricité de l’Ontario, avec près du double de la population du Québec, n’a varié que de 10 000 MWh à 22 516 MWh.  
  • La performance du marché du carbone a été décevante en 2016. Contrairement à 2015 où la demande pour les droits d’émission était supérieure à l’offre, les émetteurs n’ont pas acheté tous les droits d’émissions mis aux enchères dans le marché du carbone. En conséquence, une grande partie des droits d’émission offerts aux 4 enchères de 2016 sont restés invendus, même si les émissions de GES n’ont pas diminué. Un redressement du marché du carbone en 2017 est important pour ne pas retarder la transition énergétique, avec des signaux de prix en conséquence.
  • La contribution directe à l’économie québécoise du secteur de l’énergie s’élevait à 13,2 G$, soit 4,2 % du PIB en 2015. En revanche, les dépenses totales des Québécois en énergie étaient de 34,4 G$, soit près de 10 % des dépenses intérieures brutes (2014).
  • Les données pour le transport de produits pétroliers par train et par voie maritime au Québec, ainsi que la production de biogaz, ne sont toujours pas disponibles dans les bases de données officielles, tant au niveau fédéral qu’au niveau provincial.

 

« La technologie, les nouvelles sources d’énergie renouvelables et l’électrification des transports joueront un rôle important, mais devant l’ampleur de l’appétit énergétique des Québécois, que démontrent les données, il est illusoire de croire que le Québec pourra simplement substituer des sources d’énergie « propres » aux sources « sales ». Une refonte du système énergétique, en misant sur des mesures de réduction de la consommation d’énergie, est à imaginer si l’on veut redresser les tendances problématiques et réussir la transition », résume M. Pineau.

 

Pour en savoir plus, consultez l’État de l’énergie au Québec 2017, rédigé par Johanne Whitmore et Pierre-Olivier Pineau.

 

À propos

Créée en 2013, la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal a pour mission d’augmenter les connaissances sur les enjeux liés à l’énergie, dans une perspective de développement durable, d’optimisation et d’adéquation entre les sources d’énergie et les besoins de la société. Pour plus d’information, visitez energie.hec.ca | Twitter

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