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Le sous-financement des universités s’aggrave

Jeudi 17 janvier 2013


Lettre d’opinion de Michel Patry, directeur de HEC Montréal, membre du comité exécutif de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CREPUQ)

 

Une nouvelle étude réalisée par la CREPUQ révèle que le sous-financement des budgets de fonctionnement des universités québécoises, lorsqu’ils sont comparés à ceux des autres universités canadiennes, a atteint 850 M$ en 2009-2010, soit l’équivalent de 24 % de leur budget de fonctionnement de cette année-là. Ce montant représente 4 000 $ par étudiant à temps complet. L’écart s’élargit sans cesse depuis qu’il a été mesuré une première fois à 375 M$ en 2002 par un comité conjoint formé par la CREPUQ et le ministère de l’Éducation.

 

Cette réalité a été reconnue par tous au cours de la dernière décennie, incluant notamment les partis politiques à l’Assemblée nationale, les associations étudiantes et la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU).

 

L’étude s’appuie sur les meilleures données disponibles de Statistique Canada et de l’Association canadienne du personnel administratif universitaire (ACPAU) et celles-ci sont très fiables. La méthodologie, proche de celle utilisée lors des études antérieures sur le même sujet aussi bien en Ontario qu’au Québec, ainsi que les résultats ont été vérifiés par un groupe formé d’analystes institutionnels et financiers des universités et par le Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).

 

Très concrètement, le sous-financement signifie que les universités québécoises avaient en 2009-2010 environ 850 M$ de moins que ce qu’elles auraient eu si elles avaient bénéficié de ressources comparables à celles de la moyenne des universités canadiennes pour embaucher des professeurs et du personnel de soutien, favoriser le soutien pédagogique et l’encadrement des étudiants, assurer le maintien des collections en bibliothèque et des équipements technologiques et de laboratoires, pallier la vétusté croissante des immeubles construits il y a 40 ans et plus, entre autres besoins criants.

 

En somme, les universités disposeront de 850 M$ de moins que leurs consœurs canadiennes pour préparer des médecins, des ingénieurs, des enseignants, des gestionnaires, des architectes, etc., dont on voudrait que la formation soit de très bon niveau et qu’elle mène à un diplôme dont on reconnaît la valeur, tant au Québec qu’ailleurs dans le monde.

 

Des besoins à combler

Les établissements sont les mieux placés pour faire les choix de réinvestissement les plus judicieux en fonction des conditions propres à leur milieu et de la spécificité de leur établissement.

Néanmoins, certaines priorités collectives de réinvestissement ressortent : l’embauche de professeurs et le soutien à l’amélioration de l’enseignement; l’embauche de personnel professionnel et de soutien; l’appui aux étudiants pour accroître la persévérance et la réussite; la mise à niveau des équipements technologiques et des bibliothèques; la bonification de l’aide financière aux étudiants de 2e et de 3e cycles; le soutien à l’internationalisation; l’amélioration des liens avec les collectivités.

 

Le Sommet sur l’enseignement supérieur représente un moment charnière pour notre société. L’étude déposée cette semaine par la CREPUQ, des plus rigoureuses qui soient, donne un portrait complet de la situation du sous-financement des budgets de fonctionnement universitaires au Québec par rapport au reste du Canada. Cette étude de la CREPUQ met à mes yeux la table pour une discussion réaliste, responsable, sur les enjeux cruciaux auxquels nos universités font face et sur les pistes de solution qu’il faut se donner collectivement.