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Productivité : urgence d’agir pour le Québec

9 décembre 2014

Selon une étude réalisée par le Centre sur la productivité et la prospérité (CPP) de HEC Montréal, le retard qu’accuse le Québec en matière de productivité ne fait pas qu’entraver la performance économique de la province : il crée un effet domino sur l’ensemble de la société. « À terme, cet effet menace le pouvoir d’achat des ménages, affirme Robert Gagné, directeur du CPP. Il devient donc impératif, voire urgent, d’améliorer la productivité du travail au Québec, car il s’agit du seul véritable levier dont nous disposons pour renverser cette tendance néfaste. »  

 

Tout un défi !

Redresser la situation actuelle représente toutefois un défi de taille pour le Québec. Lorsqu’on compare le niveau de vie du Québec à ceux des autres provinces canadiennes et des 20 pays de l’OCDE sélectionnés aux fins de cette analyse, un constat préoccupant émerge : cette province traîne la patte en matière de prospérité économique depuis plus de 30 ans.

« En 2013, le Québec affichait un niveau de vie de 44 499 $ par habitant, de sorte que seules les Maritimes réalisent aujourd’hui une performance aussi faible que cette province sur la scène canadienne, soutient Robert Gagné. Et si la tendance se maintient – et elle se maintiendra si le Québec ne corrige pas le tir —, les Maritimes auront rattrapé le niveau de vie du Québec d’ici 15 ans. »

Plus spécifiquement, cette analyse montre que toute hausse de la productivité engendre une spirale économique. Ainsi, quand la productivité s’accroît, elle entraîne dans son sillage la rémunération – qui permet aux ménages de consommer et d’épargner davantage –, elle élargit l’assiette fiscale des gouvernements – qui peuvent alors améliorer leurs services et les infrastructures publiques –, et elle augmente les revenus des entreprises, qui peuvent alors investir davantage dans l’équipement et le matériel. Comme l’investissement privé représente un important vecteur de productivité, son accroissement contribue à améliorer la productivité des travailleurs, avec les conséquences qui en découlent.

Pour mettre un terme au cercle vicieux dans lequel son économie évolue depuis plus de 30 ans, le Québec doit donc réagir rapidement. Rappelons qu’en 1981 le niveau de vie dans cette province avoisinait celui de la moyenne des pays industrialisés, mais qu’un écart de près de 18 % s’est creusé depuis. « Au-delà des concepts économiques, notre analyse révèle que la faible productivité du Québec a des répercussions directes et tangibles sur l’ensemble de la population. Par exemple, il ressort que la rémunération des travailleurs québécois a définitivement moins progressé au cours des dernières décennies, de sorte que leur pouvoir d’achat se détériore, déplore Robert Gagné. Si tous les acteurs économiques profitent d’une croissance du PIB, ce sont les citoyens qui en tirent les plus grands avantages. »

 

Quelques pistes à privilégier

Pour redresser la situation, le CPP propose notamment deux pistes de solution. À court terme, l’accroissement de la productivité doit, selon ses études, passer par l’investissement privé. Pour ce faire, il semble urgent que le gouvernement mette rapidement en place un environnement fiscal qui permettra d’attirer et de retenir les meilleurs acteurs économiques en sol québécois. À ce chapitre, la réforme de l’aide aux entreprises s’avère la piste à privilégier si le gouvernement souhaite réduire le fardeau fiscal des entreprises sans subir une diminution de ses revenus.

À plus long terme, le Québec doit impérativement miser sur l’éducation. La logique qui sous-tend ce constat est simple : l’accroissement des connaissances scientifiques et du savoir technique favorise l’efficacité, l’innovation et la créativité, ce qui permet d’attirer et de retenir les entreprises les plus performantes. Malgré un système d’enseignement universitaire parmi les plus accessibles en Occident, le Québec peine à augmenter son taux de diplomation universitaire. Or, cette province doit pouvoir compter sur une main-d’œuvre qualifiée pour assurer sa prospérité économique.

Enfin, cette étude déboulonne un mythe plutôt tenace concernant le coût de la vie au Québec. « Si les citoyens de cette province tirent encore aujourd’hui avantage de prix plus bas, les écarts de prix observés par rapport aux autres provinces se résorbent rapidement, souligne Robert Gagné. Si bien qu’au rythme auquel les prix convergent entre les provinces, les Québécois ne pourront bientôt plus se rabattre sur un coût de la vie plus faible pour compenser leur plus faible revenu disponible. Il devient dès lors essentiel d’améliorer la productivité du travail pour rehausser le niveau de vie et ainsi permettre aux Québécois de conserver leur pouvoir d’achat. »

Pour en savoir plus, consultez le rapport Productivité et prospérité au Québec – Bilan 2014.