Nouvelles > 2013 > La communauté montréalaise s’inquiète de la perte du statut de métropole universitaire

La communauté montréalaise s’inquiète de la perte du statut de métropole universitaire

11 février 2013

TEXTE COLLECTIF*

Près de 500 décideurs des milieux culturel, social, économique, universitaire et politique se sont réunis le 4 février à l’occasion du forum Montréal, métropole universitaire. L’événement, organisé pour une première fois par les neuf universités de la métropole, en collaboration avec la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, se voulait une contribution complémentaire aux débats suscités dans le cadre du Sommet sur l’enseignement supérieur.

L’occasion était bonne de rappeler le poids significatif de nos établissements dans la métropole. Les chiffres sont éloquents : 184 000 étudiants, soit 65 % de la clientèle universitaire du Québec, 43 500 diplômes octroyés annuellement, 36 400 employés. L’apport de nos établissements à la vitalité économique, sociale et culturelle de la métropole n’est plus à faire : Première ville au Canada pour les fonds consacrés à la recherche universitaire, Montréal constitue un carrefour de haut savoir et un pôle d’attraction international attirant jusqu’à 25 000 étudiants de l’étranger, ce dont il faut être fier.

Entreprises, organismes culturels et communautaires profitent au quotidien de cette vitalité, comme en ont témoigné les leaders présents. Tous ont reconnu le grave sous-financement de nos établissements et que fragiliser les uns, c’est fragiliser les autres. En effet, on oublie le rôle essentiel que jouent les universités pour les entreprises existantes ainsi que pour celles qui veulent s’y établir, pour la  famille étrangère qui vient s’installer sur notre territoire, pour un organisme communautaire qui recourt à nos services. Sans oublier les liens essentiels que les universités maintiennent, notamment au plan de la recherche, avec les organisations privées et publiques.

L'événement a permis à la communauté montréalaise de manifester sa volonté de conserver, voire d’intensifier ce statut, acquis à force de détermination, et qui nous place au sein du cercle restreint de grandes villes universitaires en Amérique du Nord, comme Boston, Washington et San Francisco. Ce statut, que nombre de cités nous envient, contribue à faire de Montréal une ville où innovation, créativité, engagement et prospérité vont de pair. Ce statut est-il aujourd’hui menacé ? Oui. Nous l’affirmons haut et fort, chiffres à l’appui ! Le président-directeur général de Montréal International, Jacques St-Laurent, a démontré que le taux de croissance annuel moyen de notre métropole en matière d’étudiants universitaires totaux, d’étudiants universitaires étrangers et de recherche universitaire subventionnée s’affaiblit déjà, comparativement à celui de Toronto et de Vancouver. Le déclin est déjà entamé. Au moment où le sous-financement de nos universités s’aggrave par rapport à leurs consœurs canadiennes, où l’on sabre brutalement dans les fonds de fonctionnement et de recherche – lesquels, en passant, garantissent bourses et assistanats de recherche à de jeunes chercheurs pendant leurs études – oui, il y a lieu de s’inquiéter.

Aux débats en cours sur le financement universitaire, il faut ajouter une question déterminante pour notre avenir : Comment s’assurer que nos universités puissent continuer de remplir leur mission et progresser, au lieu de régresser, tant sur les plans de l’enseignement, de la recherche et de la création que des services à la communauté ?

Si le financement des universités est « l’affaire de tous », comme l’a affirmé la chef de la direction de Rio Tinto Alcan, Jacynthe Côté, comment s’assurer que tous se sentent interpellés et acceptent de mettre l’épaule à la roue ?

Des questions faciles ? Certes non. Pertinentes ? Plus que jamais. Nos établissements continueront de faire leur part, mais la société doit s’engager, concrètement, à les soutenir.

Le forum Montréal, métropole universitaire a permis de mieux saisir les attentes des gens d’affaires, des leaders du monde communautaire et culturel et des chefs d’établissements publics, attentes auxquelles nous souscrivons, et que nous nous empresserons de relayer au gouvernement du Québec, puis publiquement, notamment grâce au Canal Savoir, pour qu’elles reçoivent toute l’attention qu’elles méritent.

Dans cette discussion qui anime toute la population présentement, nous réitérons, comme chefs d’établissement, notre détermination à demeurer un pôle universitaire de grande qualité, capable de se mesurer aux meilleurs de la planète, pour le plus grand bénéfice de Montréal et ce faisant, du Québec tout entier. Mais nous devons relever ce défi, ensemble, en tant que collectivité unifiée et déterminée à travailler pour l’excellence.

*Yves Beauchamp, directeur général de l’École de technologie supérieure; Guy Breton, recteur de l’Université de Montréal; Daniel Coderre, directeur général de l’Institut national de recherche scientifique; Christophe Guy, directeur général de l’École polytechnique de Montréal; Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et coporte-parole du forum Montréal, métropole universitaire; Nelson Michaud, directeur, Enseignement et recherche de l’École nationale d’administration publique; Heather Munroe-Blum, principale et vice-chancelière de l’Université McGill; Michel Patry, directeur de HEC Montréal; Robert Proulx, recteur de l’Université du Québec à Montréal; Louise Roy, chancelière et présidente du Conseil de l’Université de Montréal et coporte-parole du forum Montréal, métropole universitaire; Alan Shepard, recteur et vice-chancelier de l’Université Concordia