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Les compressions du gouvernement nuiront à la réputation internationale de HEC Montréal

14 décembre 2012

Lettre d'opinion de Michel Patry et Hélène Desmarais

Les auteurs sont respectivement directeur et présidente du conseil d’administration de HEC Montréal.

C’est avec consternation que nous avons appris que le gouvernement du Québec, en sus d’avoir annulé la hausse prévue des droits de scolarité, avait décidé de sabrer dans les subventions des universités québécoises pour l’année courante, alors que l’année financière tire à sa fin.

Éditorialistes, étudiants, recteurs et professeurs ont raison de s’alarmer. Qu’on le dise haut et fort, le sous-financement de nos universités est réel et le système québécois a malgré tout accompli des miracles avec les moyens dont il a disposés jusqu’à aujourd’hui.

Prenons HEC Montréal, qui a si bien rempli sa mission. Quelle était-elle, cette mission, à sa fondation en 1907 ? Permettre aux francophones d’accéder aux plus hautes sphères de l’économie et du commerce, au Québec et dans le monde. Quelle est sa mission en 2012 ? La même ! Encore faut-il lui en donner les moyens.

Les programmes d’enseignement ont changé, ses clientèles ont augmenté et se sont diversifiées, la recherche y a pris un essor formidable, ses réseaux et ses collaborations se sont élargis, mais HEC Montréal poursuit toujours le même objectif : former adéquatement la relève en gestion pour qu’elle  contribue au développement de nos entreprises et de notre société.

Au fil des ans, HEC Montréal a gagné ses galons sur la scène mondiale : première université canadienne à obtenir les trois agréments les plus prestigieux dans son domaine, premier établissement francophone québécois à percer des classements réputés, tels ceux du Financial Times et du Businessweek. Pour le plus grand bénéfice de ses diplômés d’ailleurs, dont la carte de visite est désormais reconnue ici comme partout dans le monde.

En réduisant brutalement le financement de nos universités, on compromet l’accessibilité à une formation de qualité.

Les coupes annoncées la semaine dernière, de l’ordre d’environ quatre millions pour notre seule École, mettent en péril la qualité de l’enseignement et de la recherche. Notre position dans les classements nationaux et internationaux se détériorera, ce qui rendra plus difficile le recrutement de professeurs de réputation et réduira, à terme, la qualité de nos enseignements.

La proportion de nos enseignements assumés par des chargés de cours, qui est déjà nettement supérieure à celle des meilleurs établissements  au Canada et à travers le monde, augmentera forcément. Le nombre d’étudiants par professeur augmentera aussi, inévitablement, et la qualité de l’encadrement, surtout à la maîtrise et au doctorat, en souffrira. Il en ira de même des services offerts à nos étudiants.

Notre part des financements de la recherche sera affectée, ce qui réduira les ressources disponibles pour nos chaires et centres de recherche, ainsi que le nombre d’étudiants aux cycles supérieurs que nous pourrons former, privant les organisations québécoises d’un bassin de main-d’œuvre qualifiée.

Ces compressions mettent aussi un frein à beaucoup de projets,  comme celui de faire en sorte que chaque étudiant inscrit au baccalauréat de HEC Montréal puisse profiter d’une expérience internationale, une qualité recherchée par les employeurs. Ou celui de développer du matériel pédagogique innovant en français dans nos nouveaux programmes en comptabilité ou en gestion des organisations du secteur de la santé. Faudra-t-il se résoudre à utiliser du matériel qui ignore les spécificités culturelles et institutionnelles du Québec ?

Nous pensons, au contraire, qu’il faut faire davantage. Parce qu’une formation en gestion, complète, de qualité et pertinente devrait être proposée à tous nos étudiants.

Voilà la véritable accessibilité à l’éducation supérieure. Offrir les mêmes conditions de réussite à tous et se doter, au final, de gestionnaires, d’ingénieurs, de médecins, d’avocats, d’architectes, de musiciens qui seront formés à la pointe des dernières connaissances. Nous ne souhaitons pas offrir un accès à des diplômes à rabais.

Les Québécois méritent de pouvoir profiter d’une formation de premier rang. Or, la qualité a un prix. Il faut nous donner les moyens de nous affirmer collectivement. Convenons-en une fois pour toutes.